Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le fromage de Tartiflette
19 février 2004

Peste Brune annule sa tournée

Jean-Marie Le Pen, que les plus jeunes connaissent grâce à son cameo dans la chanson Porcherie du groupe Bérurier Noir, s’est vu refuser l’autorisation de se présenter en PACA par le préfet de région. Bruno Mégret, son ancien bassiste, est lui déclaré inéligible en région Champagne Ardenne.

Sur les rares images d’archives, ils sont inséparables : que Jean-Marie Le Pen se roule torse nu sur des tessons de bouteilles ou bien qu’il arrache son œil de verre avant de le lancer en éructant vers un public incrédule, Bruno Mégret est toujours là. Une présence presque indécelable, une sauvagerie qu’on sait tapie dans l’ombre au bout du mégot de clope rougeoyant, prête à éclabousser l’audience d’un riff assassin.
Leur groupe, Peste Brune, connaît son heure de gloire underground dans les années 80. Sexe, drogues, noyades, exhumations, chacune de leurs apparitions écrit un nouveau chapitre du bréviaire trash, jusqu’à l’aboutissement logique de cette démarche nihiliste : en 88, le batteur Jean-Pierre Stirbois donne le coup de boule de trop. C’est le platane qui gagne.
Clash des egos et divergences artistiques, le groupe périclite et finit par splitter dix ans plus tard, à coups de tonfa vicieux entre roadies.

L’ironie d’une vie sur laquelle les frères ennemis crachent toujours les réunit aujourd’hui : ils viennent d’être déclarés inéligibles, l’un en PACA, l’autre en Champagne-Ardenne. En cause, des paperasseries quelconques, du genre dont on se sert pour essuyer les vomissures après une nuit de défonce. Des points de détail qui n’entrent même pas dans la vision périphérique d’une rock star, a fortiori quand elle est borgne.
La conséquence bien réelle de ces événements, c’est l’annulation des concerts que les deux performers de Peste Brune avaient prévus ce printemps en Province.

Les fans nostalgiques doivent-ils pour autant désespérer, et tenter de se faire rembourser avant d’aller brûler un centre culturel ou deux ? Nous ne le pensons pas.
Le big band de death-fuck-metal UMP a en effet proposé d’assurer la tête d’affiche lors des dates annulées. Bien que nouveau venu sur la scène underground, UMP a déjà quelques coups d’éclat à son actif, le dernier en date étant l’interprétation cruellement absurde du Disintegration de Cure par son leader JiPé Rotten, sur Radio-J hier.
Par ailleurs, des affinités existent entre les deux groupes et leurs publics. Selon le joueur de pipeau d’UMP, JF dit "Mets l’doigt", "Peste Brune a toujours eu une énorme influence sur nous, n’oubliez pas qu’un certain nombre de membres du band sont des anciens de chez eux. En plus, les coups tordus, l’inéligibilité, tout ça, on comprend : on est solidaires."

Le big band se présentera dans une configuration légèrement remaniée par rapport à leur dernier concert, il y a dix jours à la porte de Versailles. Pour accommoder le public habituel de Le Pen et Mégret, les membres beurs d’UMP ont en effet été remplacés par des vétérans du crossover bruitiste Occident / Démocratie Libérale, et le répertoire devrait inclure les classiques Le Bruit et l’Odeur, Vocation, Droit d’Asile ou encore Code de la nationalité.
Le VJ Pat D assurera la mise en images interactive du show à l’aide des caméras de surveillance du parking de chaque espace visité, alors que la chorégraphie ("nerveuse", assure-t-on à l’organisation) sera assurée par la troupe Nico et ses Voltigeurs Survoltés.

Un bien beau spectacle en perspective, où les admirateurs déçus de Peste Brune trouveront assurément leur compte. Et qui sait, peut-être les fans d’UMP aussi aiment-ils brûler les centres culturels ?

Didier Kala

Publicité
Commentaires
Publicité